La
pensée a un poids. Penser à une chose, c'est la déformer, car la
pensée d'une chose n'est pas la chose. La pensée est une
représentation mentale. Confondue avec la réalité, elle prend un
poids, non pas dû à sa structure énergétique, mais à l'émotion
qui s'y greffe, qui fait miroiter le trésor de ce que je suis dans
ce que je ne suis pas.
C'est
le mental tout entier qu'il convient d'inclure dans son regard. Car
c'est sa totalité, depuis sa naissance jusqu'à sa mort, qui
maintient vivant le mirage du devenir.
Se
désencombrer est ainsi se désencombrer des mirages qui occupent mon
esprit, l'emplissent tant, que l'esprit lui-même, qui les contient,
est ignoré.
Vivre
léger, c'est vivre à partir de la conscience sans pensée. Les
opinions, points de vue et jugements sont alors distants. Ils ne sont
plus confondus avec la réalité. La réalité de mon être est sans
pensée. Elle est présente avant que j'y sois présent. Elle est, en
réalité, présence. La présence, qui est présente à chaque
instant, est sans poids. Elle est transparente, toujours fraîche et
innocente. Elle est le regard de l'enfant étonné, de la femme
aimante, et du sage accompli. Elle ne peut être trouvée, étant
déjà là.